Pour beaucoup de gens, à la fois citoyens et visiteurs, le taux de prostitution au Maroc a grimpé de façon inquiétante ces dernières années. Certains s’inquiètent que le degré d’affairisme et le réseau de support de ce commerce de la chair a bénéficié d’une certaine dilatation dernièrement. D’autres raisonnent que la visibilité ‘osée’ ou, même, ‘insolente’ de la prostitution dans les lieux publiques et sa permissivité dans la conscience collective de la société marocaine est devenu un phénomène rudement imposant.
Certains, frustrés par ce phénomène, lancent que la croissance du taux de prostitution témoigne d’un fatalisme collectif au sein de la société marocaine servi par la légitimité d’un raisonnement socioéconomique que nul ne peut disputer. Néanmoins, la condition économique et le niveau d’éducation, certes importants intervenants dans la propagation de la prostitution au Maroc, n’expliquent pas tout de même toute la mosaïque qui fait de la prostitution un des sujets les plus complexe à traiter.
Avant de lancer ce débat, je précise que mon intention est de traiter le sujet de façon académique . Ainsi, j'essayerais d’éviter le plus possible de passer des jugements moraux ou des arguments fondés sur des interprétations traditionnelles ou religieuses. Les filles qui s’engagent dans la prostitution sont a mon avis des citoyennes qui méritent une considération respectueuse ainsi que d’être traitées avec dignité. Certaines sont exploitées par des conditions économiques désespérées et même forcées par des membres de leurs familles de se prostituer. D’autres, originaires du monde rural, commencent une vie rude comme des petites bonnes dans les grandes villes ou elles sont abusées ou même violées. Elles sont par la suite rejetées par la société ainsi que par leurs familles – ce qui les force dans le monde de la prostitution. Mais il y a bien aussi une catégorie qui choisi la prostitution comme profession légitime – même si la grande partie de la société rejette leur raisonnement.
Au Maroc le réseau de support des prostituées varie en fonction du degré d’amateurisme ou professionnalisme exercé, ainsi qu’en fonction des spécificités du marché (Le touriste originaire du Golf par exemple a des exigences particulières qui différent des spécificités du touriste européen ou du client marocain). Le réseau de support peut atteindre une sophistication étonnante chez la prostituée de haute gamme puisqu’il y a bien une hiérarchie d’offre et de demande dans ce marche. Ceci dit, en général, les prostituées au Maroc, comme celles dans d’autres pays inclus aux Etats-Unis, exige un marche physique ou exercer. Quand la culture et la loi d’un pays ne leur permettent pas un espace légitime et formel comme les
Red Light Districts, la prostitution se déchaîne partout ou la demande peut accéder à l’offre. Notez quand même que si le Maroc ne dispose pas de
Red Light District comme est le cas dans plusieurs pays en Europe et en Asie, il dispose bien d’un certain nombre de centres de prostitutions connus dans quelques banlieues et milieux ruraux.
Concernant les milieux urbains, pour une grande partie des prostituées, les restaurant/bars, les cafés/cabarets, et les boites de nuit constituent les grands contours du marché physique ou elles exercent (la majorité de ce marché se situe dans les hôtels). Bien que la prostitution se négocie dans d’autres espaces inclus dans la rue tout court, en général c’est les espaces de divertissement nocturnes qu’une grande partie des prostituées dans les villes marocaines (surtout les villes touristiques) considèrent comme leur « lieu de travail ». Pour accéder à ce « lieu de travail » ou en d’autres termes, au marché, Il y a bien un système dont les règles sont à respecter - Et c’est la ou le réseau de support et les moyens d’accès deviennent extrêmement importants.
Le degré d’affairisme dans ce commerce n’est pas aussi différent des autres secteurs de l’économie formelle. En effet, le commerce de la prostitution fonctionne d’une façon assez conforme avec les lois naturelles des marchés libres - souvent sans les distorsions que peuvent provoquer les interventions de la réglementation et de la taxation : La compétition y est nombreuse – plusieurs acheteurs/vendeurs - et l’accès au marché n’est pas prohibitif. Tant qu’il y a une demande, exprimée ou masquée, et la promesse du profit, les fournisseurs des services demandés trouvent leur chemin vers le marché parfois en dépit de risques assez importants. Ceci dit, l’offre a tendance de s’épanouir quand la structure/réseau de support et de production est élargie dans un marche ou la demande est affamée.
En plus, la nouvelle technologie a introduit une certaine sophistication dans ce marché - ceci de la même façon que dans d’autres secteurs de l’économie formelle en révolutionnant les modes de communication, marketing, distribution et logistique– L’Internet et les téléphones mobiles sont devenu indispensable pour la prostituée marocaine. Sans le portable en particulier, la prostituée souffre d’un handicape significatif côté marketing et logistique – C’est d’ailleurs pour cette raison qu’elle en prend bien soin.
Quand on parle de la structure ou le réseau de support de la prostitution au Maroc, de quoi s’agit-il exactement?
Sans compter certain intervenants influents dans le cercle familial et relationnel de la prostituée, les acteurs les plus visibles dans le réseau de support de la prostitution au Maroc sont : Les chauffeurs de taxi ; les videurs et les gérants des bars et des boites de nuit ; les agents de réception et les gardes des hôtels ; ainsi que les agents de sécurité, autrement dit, les flics. Avant de décrire le rôle de chaque un de ces intervenants, je dois préciser que ceci ne constitue en aucun cas une condamnation universelle de tous les membres des professions citées. En effet une grande partie de ces derniers continuent de pratiquer leurs métiers avec fidélité aux principes de l’intégrité professionnelle et ne prennent pas partie dans les fonctions informelles et le comportement corrompu que je décris ci-dessous.
Les Taxis : The Pimping Cabbies
Certains chauffeurs de taxi sont tout simplement devenu les agents de promotion de la prostitution au Maroc. Ils ont une grande valeur aux prostituées vu qu’ils fournissent un grand nombre de services au delà de la simple fonction du transport. La prostituée a bien besoin d’être mobile vu qu’elle exige de se déplacer pour d’abord se préparer (coiffeur, hammam, shopping, etc.) et puis accéder au marché (resto/bars, cabaret, boite de nuit, hôtel, etc.). Elle a aussi besoin d’être conduite chez elle en sécurité a la fin de sa sortie. Son chauffeur de taxi lui fournit ces services de façon quasi-gratuite – pour le taxi ceci est la partie investissement de son affaire. Il se fait son argent quand sa protégée atterrit un client. La, soit le client est motorisé et donc la prostituée doit s’arranger pour payer une taxe (environ 100DHS) au taxi ou bien encore mieux, le taxi fournit le service de transport a la prostituée et a son client en taxant les deux. Cela est presque toujours le cas des touristes qui sont rarement motorisés.
Les chauffeurs de taxi rendent aussi d'autres services valeureux aux prostituées. Ils leurs fournissent des informations et des renseignements assez importants sur la condition du marché – Par exemple des informations concernant les lieux des clients potentiels et de la compétition, des faits divers et des rumeurs, ainsi que le
coaching dont la prostituée a besoin pour éviter les décentes ciblées des flics et gagner des faveurs avec les autres intervenants (gérants des bars, managers d’hôtels, etc.). Ils leurs garantissent aussi un certain degrés de protection. Le chauffeur de taxi est devenu indispensable pour la prostituée marocaine et le téléphone portable est le gadget le plus important dans la gestion de cette relation. Une nouvelle fille sur le marche est vite croquée par un chauffeur de taxi qui lui passe sont numéro de téléphone portable, lui promettant ainsi de devenir son
personal coach, chauffeur, et
bodyguard.
Les Videurs et les Gérants: The Gate-Keepers
Les gardiens des portes du marché sont ceux qui contrôlent et gèrent l’accès aux lieux de divertissement nocturne ou la prostitution est licite et encouragée. Les videurs et les gérants des bars, cafés, cabarets, et boites de nuit gardent le seuil par voie d’un système de
rent-seeking qui est digne des pratiques Makhzeniennes gestionnaires de l’économie nationale – c’est ainsi la ou le formel est l’informel se confondent. Ces agents de la prostitution imposent un régime de règles et de taxes aux prostituées. Pour eux le grand intérêt est dans les affaires. Les filles peuvent accéder au marché, consommer a un prix réduit ou même gratuitement dans certains cas tant qu’elles continuent d’entretenir une clientèle consommatrice ; tant qu’elles payent leur taxes ; et tant qu’elle ne causent pas des problèmes a l’établissement (disputes, vol, drogues, etc). Il y a bien une exception a la pratique des discounts surtout quand il s’agit d’un établissement bien fréquenté (e.g., clientèle riche du Golf) ou les filles sont exigées de payer une taxe d’entrée équivalente au prix d’admission (100 – 200 DHS).
Les videurs imposent aussi une taxe d’exit qui varie entre 50 a 100 DHS a celles qui atterrissent un client a l’intérieur de l’établissement concerné. Cette taxe est vite passée au client puisque la fille lui demande de payer cette taxe avant même de quitter l’établissement en question. Si cette taxe n’est pas payée et la fille quitte quand même avec son client, les
gate-keepers lui imposeront une punition. Dans un cas pareil ou bien dans le cas d’une dispute/bagarre impliquant les prostituées, les gérants leur imposent des sanctions proportionnelles au délit commit. Cela varie entre un arrêt d’une semaine et une amende équivalente au prix d’une bouteille a un arrêt complet. Donc la prostituée a intérêt de payer et ne pas trop semer l’antipathie si elle veut bien retourner au marché. Il y a certes des petites exceptions a ces règles surtout parmi une proportion limitée de prostituées qui bénéficient d’un statut privilégié chez les patrons des établissements – mais rien ne dure pour toujours et les choses ont tendance a changer assez brusquement dans ce marché.
Les Flics: The EnforcersSi les gérants et les videurs des lieux de divertissement menace la sanction économique envers les prostituées, les flics de leur coté menace la sanction juridique. Ces derniers (ceux a tendance corruptible) grignotent ce qu’ils peuvent en maintenant la surveillance du périmètre du marché et imposent des taxes de passage aux prostituées et leurs clients. Ils travaillent parfois de façon indépendante et d’autres fois en coordination avec les videurs ou même les prostituées surtout pour extorquer des touristes ou des clients insouciants. Ils roulent, surveillent, et ciblent leurs proies de façon judicieuse. Ils ne sont jamais timide d’user (ou d’abuser) de leur fonction pour recevoir leur partie du cash émanant des transactions faites sur le marché de prostitution.
Les Hôtels – The Accommodators Les hôtels sont souvent les lieux de consommation de l’acte finale de la prostitution pour les touristes, surtout les touristes occidentaux. C’est aussi le cas pour certains visiteurs des pays riches du Golf. Mais une partie de ces derniers s’arrangent aussi pour louer ou même acheter des appartements dans des villes marocaines comme Casablanca, Agadir, et Marrakech. Certains laissent ces appartements à leurs prostituées préférées pour en prendre soin. Quand ils ne peuvent pas faire le déplacement au Maroc, Ils envoient leurs amis leur permettant sans scrupule l’usage de l’appartement et de la fille. Ceci étant une méthode beaucoup plus efficiente et moins risquée puisque c’est normalement illégale pour les hôtels d’accommoder ce type d’activité.
Le fait que c’est illégal de transactioner dans la prostitution dans les chambres d’hôtels n’en fait pas un acte inédit. En effet, c’est bien courant tant que c’est fait dans la discrétion. La fille et le client se présente à la réception à une heure tardive de la nuit et le dernier passage a l’acte final est négocié. L’agent de réception et l’agent de sécurité s’en mêlent et, après une courte négociation, collectent la taxe de consommation qui peut s’élever à l’équivalent du prix d’une chambre. La chambre n’est vraiment jamais enregistrée au nom de la fille, et donc cette taxe est partagée par les fonctionnaires de l’hôtel qui participent dans ce type d’activité – présents au moment de la transaction ou pas. Une partie de ce revenu peut aussi être partagé avec les flics. Normalement, la prostituée informe le client bien avant cette négociation des détails et de la procédure a suivre.
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